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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 13:02
article de "La dépeche de tahiti"
 Publié le vendredi 31 mai 2013 à 01H00
Un collectif de riverains bloque l’accès au chantier

 

L’antenne relais Vodafone toujours contestée

L’installation d’un pylône dans un quartier de Papenoo suscite depuis plusieurs semaines l’opposition d’un collectif de riverains qui, désormais, saisit la justice.

Le chantier n’a en effet pas été arrêté, malgré la demande du maire de suspendre les travaux en attendant que la situation soit juridiquement clarifiée.

Après une altercation mardi, suite à laquelle une riveraine a obtenu six jours d’ITT, les riverains ont bloqué, jeudi matin, le passage d’une servitude privée qui donne accès au chantier.

 

Les riverains ont bloqué le passage qui permet d’accéder au terrain où est situé le chantier de l’antenne.

Les riverains ont bloqué le passage qui permet d’accéder au terrain où est situé le chantier de l’antenne.
 Un camion toupie transportant du ciment est stoppé dans la servitude. Il repartira avec son chargement.
Les riverains ont bloqué le passage qui permet d’accéder au terrain où est situé le chantier de l’antenne.
 Le panneau interdisant l’accès aux engins a été replacé.
Les riverains ont bloqué le passage qui permet d’accéder au terrain où est situé le chantier de l’antenne.
 

Les riverains ont bloqué le passage qui permet d’accéder au terrain où est situé le chantier de l’antenne.

Jeudi vers 7 h 30, les habitants du quartier Ather, à Faaripo, ont vu plusieurs véhicules, dont un camion toupie, rentrer dans la servitude. Les ouvriers du chantier ont tenté de détruire le barrage qu’ils avaient constitué avec des parpaings et une chaîne, afin d’accéder à leur zone de travail. “Il y avait pourtant un panneau stipulant nos droits comme quoi la société n’a nullement le droit de faire passer des camions sur cette servitude”, explique François Duquesnes. “On est donc descendu à une dizaine de personnes pour les en empêcher”. La société Vodafone a envoyé à nouveau un huissier pour constater le blocage. Mais les riverains n’ont pas cédé à la pression et ont rétorqué que seul le tribunal pouvait dire le droit. À ce titre, en effet, et sur les conseils de l’avocat qui gère leur dossier - simultanément à celui du collectif de Paofai confronté à un problème similaire - les riverains ont décidé de mener la bataille sur le terrain juridique.

Outre le passage sans autorisation d’engins de chantier sur une servitude privée, ils s’interrogent sur la légalité de la construction elle-même. “Dans le code de l’urbanisme”, précise M. Guittierre, “il est indiqué que sont soumises à déclaration de travaux, les antennes de plus de 20 m du service public. Or, Vodafone n’est pas un service public. C’est un opérateur privé. Son installation doit donc être soumise à un permis de construire. Ce qui implique une enquête commodo et incommodo. Le quartier concerné a en effet son avis à donner”.

Deux démarches juridiquement distinctes sont donc en instance d’être finalisées par l’intermédiaire de maître Lamourette. L’une au civil, en référé, en ce qui concerne l’accès au chantier par cette servitude ; l’autre, en référé également, auprès du tribunal administratif, en ce qui concerne les autorisations délivrées par le Service de l’urbanisme.

En tout état de cause, jeudi en fin d’après-midi, les camions chargés de ciment ne sont pas revenus. Mais du matériel a été néanmoins apporté sur le chantier par un autre passage. Le bras de fer continue donc, en attendant les décisions de justice avec, en toile de fond, un conflit de quartier. Une convention lie en effet un propriétaire à Vodafone qui loue son terrain…

Quid de la santé ?

Outre la dévalorisation du prix des terrains et la vue gâchée par une antenne de 25 mètres en plein milieu d’un quartier d’habitation, le collectif de riverains opposé à la construction de l’antenne évoque les risques sanitaires liés à une telle installation.

M. Mourade, représentant de Vodafone, avait tenté de les rassurer lors d’une réunion d’information organisée à leur demande, il y a une quinzaine de jours, alors que les travaux étaient déjà commencés.

“Le principe de précaution devrait s’appliquer lorsque l’évaluation scientifique ne permet pas de déterminer le risque avec suffisamment de certitude”, estime Sébastien Guittiere, se référant à la résolution 1815 du Conseil de l’Europe : “certaines ondes à haute fréquence utilisées dans le domaine des radars, de la télécommunication et de la téléphonie mobile, semblent avoir des effets biologiques non thermiques potentiels plus ou moins nocifs sur les plantes, les insectes et les animaux, ainsi que sur l’organisme humain, même en cas d’exposition à des niveaux inférieurs aux seuils officiels”. Lors de cette réunion, avaient été projetés des extraits éloquents d’un documentaire dans lequel interviennent des sommités médicales comme le Pr Luc Montagner, Prix Nobel de médecine : Les Sacrifiés des ondes. On y évoque un pourcentage non négligeable de personnes hyper électrosensibles négativement affectées par ce type d’installations.

Vodafone se comporte "comme en pays conquis"

“Vodafone a une attitude déplorable vis-à-vis des riverains”, insiste François Duquesnes, infirmier de son état. “Ils ne tiennent pas compte de notre insatisfaction. Ils s’implantent comme ça, qu’on soit content ou pas content, comme en pays conquis. On a eu une réunion avec eux, suite à nos premières contestations. Mais on ne nous a proposé aucune alternative. Cette attitude est lamentable !”. Mardi, Nadine Inariki avait stoppé son véhicule au milieu de la voie pour arrêter le trafic des engins. Une altercation s’en est suivie. Des ouvriers ont tenté d’attacher le véhicule à un engin pour le dégager et Nadine Inariki a été soulevée du sol et tirée par l’un des responsables du chantier. Son médecin lui a octroyé une interruption temporaire de travail (ITT) de six jours. Elle a porté plainte dans l’après-midi, auprès de la brigade de gendarmerie de Tiarei.

Ronald Atger : "ma position est claire, je reste dans le droit"

Le responsable du chantier de Pacific Mobile Telecom, à enseigne Vodafone, n’a pas souhaité faire de commentaires. Ronald Atger, frère et représentant de la propriétaire du terrain où est installé le chantier - et lui-même propriétaire dans le quartier du même nom - a néanmoins tenu à faire quelques remarques en attendant de s’exprimer plus complètement sur le sujet. “Pour l’instant, on a arrêté. Mais ma position est claire, je reste dans le droit. Tant que le tribunal n’a pas statué, on ne voit pas pourquoi on va arrêter les travaux. Au nom de quoi ? Les textes ne l’interdisent pas. Aujourd’hui, ce sont les contestataires qui sont hors la loi. Je comprends leurs revendications. Ils disent qu’ils veulent protéger la santé. Alors qu’ils attaquent au tribunal, qu’ils demandent au juge d’appliquer le principe de précaution. S’il y a un problème de santé, je suis sensible à cette question. Mais qu’ils le disent au juge puisqu’aujourd’hui, dans les textes, ce n’est pas pris en compte. Si le tribunal leur donne raison, on arrête… C’est en tout cas à la loi de fixer le cadre de l’activité économique. S’il est nécessaire de voter des “lois de pays” pour respecter ce principe de précaution, il faut le faire !”

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